La 3e Division d’Infanterie Algérienne
(novembre 1942 – mai 1945)
Remerciements à l’association 18e RTA 1940 pour cet article repris de leur site, avec leur autorisation : http://18erta1940.free.fr/3edia/index.htm
La 87ème DIA, division de réserve formée en septembre 1939, est dissoute en juillet 1940 à l’issue de la campagne de France mais nombre de ses combattants se retrouvent après novembre 1942 dans les rangs de la 3e DIA.
La Division Territoriale de Constantine (DTC) de l’armée d’armistice était constituée des 3ème RZ, 3ème et ème7ème RTA, 15ème RTS, 3ème RCA, 3ème RSA, 67ème RAA.
En novembre 1942, suite à la libération de l’Afrique du Nord française, est constituée la Division de Marche de Constantine (DMC), qui rejoint le 19e CA en Tunisie (qui devient le Corps d’Armée Français en février 1943). La division est commandée par le général Welvert tué le 10 avril 1943 puis par le général Schwartz. Elle est composée des 3ème RZ, 1er, 2ème, 3ème, 7ème et 9ème RTA, 4ème RTT, 7ème RTM, 15ème RTS, 2ème GTM, 3ème et 5ème RCA, 3ème RSA, 4ème RST, 62ème, 64ème, 65ème, 66ème et 67ème RAA, RACM, RACL, unités provenant de toute l’Algérie et de l’Afrique du Nord. La DMC est dissoute le 30 avril 1943.
La 3ème Division d’Infanterie Algérienne, est créée le 1er mai 1943. Commandée par le général de Goislard de Monsabert, elle est rééquipée en vue de la campagne d’Italie et composée des 3ème et 7ème RTA, 4ème RTT, 3ème RSAR, 7ème RCA et 67ème RAA.
Envoyée en Italie en novembre 1943, la 3 s’illustre en 1944 au sein du Corps Expéditionnaire Français du général Juin, en Provence, lors des libérations de Toulon et Marseille, dans les Vosges, lors des difficiles combats pour la libération de Basse-sur-le-Rupt et Cornimont, et en Alsace au sein de la 1ère Armée Française du général de Lattre de Tassigny.
Considérée par les généraux de Monsabert et Juin comme la « digne héritière » de la légion romaine d’Afrique du Nord, la IIIème Augusta, la 3ème DIA était aussi appelée Division des Trois Croissants car elle avait pour ossature trois régiments de tirailleurs : le 3ème RTA, le 4ème RTT et le 7ème RTA.
La 3ème DIA, avec 4 citations à l’ordre de l’armée entre 1943 et 1945, est la division française la plus décorée de la seconde guerre mondiale avec la 1ère Division Française Libre (4 citations également) et tous ses régiments ont obtenu une fourragère. Son héritière est la 3ème brigade mécanisée [et depuis sa re-création dans le cadre de la réorganisation “Armée de terre au contact”, la 3ème Division implantée à Marseille].
Citations collectives de la division
Campagne d’Italie (1943-1944)
1ère citation à l’ordre de l’Armée attribuée à la 3ème DIA lors de la campagne d’Italie en 1943-44,
Ordre n° 096 D, le 25 mars 1944, général Giraud
« Du 12 au 17 janvier, sous l’impulsion clairvoyante et énergique de son chef, le général de division Goislard de Montsabert, a enlevé de haute lutte, dans un terrain difficile, des positions fortement organisées de l’ennemi. A bousculé celui-ci sur une grande profondeur, lui infligeant des pertes sévères et l’obligeant à abandonner définitivement sa ligne d’hiver. Attaquant ensuite sans répit, a élargi à sa droite la tête de pont du Rapido puis, reportant tout son effort à gauche, s’est enfoncée comme un coin, le 25 janvier, dans la nouvelle ligne de défense de l’ennemi en s’emparant de la forte position du Belvédère. S’est maintenue sur cette position en dépit des contre-attaques les plus violentes de l’ennemi, attirant sur elle le gros des réserves allemandes. A permis ainsi le développement de la manœuvre d’Anzio et celle du corps américain voisin sur le promontoire de Cassino. Magnifique grande unité manœuvrière et d’un moral élevé qui s’était déjà distinguée en Tunisie et qui s’est montrée digne des plus belles traditions de l’armée d’Afrique et du chef intrépide qui la commande. »
Campagnes de France et d’Allemagne (1944-1945)
2ème citation à l’ordre de l’Armée attribuée à la 3ème DIA lors des Campagnes de France et d’Allemagne,
Décision n° 337, le 25 janvier 1945, général de Gaulle
« Division d’élite qui, encore auréolée d’une immense gloire cueillie sur la terre italienne, à Castelforte, à Rome et à Sienne, vient récemment de prendre une part capitale à la Libération de la France, notamment à Toulon, à Marseille et dans les Vosges. Sous les ordres du Général Guillaume, Chef tenace et manoeuvrier hardi, la 3ème DIA, portée le 3 octobre dans la haute vallée de la Moselle, pour atteindre l’Alsace par une manoeuvre de grande envergure au travers des cols, s’est vue amenée à livrer pendant plus de vingt jours une bataille d’usure,acharnée et difficile, contre un ennemi décidé à tenir et jetant pour cela dans la bataille, toutes ses réserves. Au travers d’une zone boisée particulièrement difficile, dans les conditions atmosphériques les plus mauvaises, cette Grande Unité, le 3 octobre, est montée à l’assaut d’un ennemi nombreux et solidement installé sur les hauts, entre Moselle et Moselotte et l’a anéanti après cinq jours de combats au corps à corps, notamment au col du Brochet et à la Vrille; le 9, a franchi de vive force la Moselotte, après avoir enlevé les villages de Bamont, Sauhures, puis, sans désemparer, s’est ruée à l’abordage des hauteurs Nord et les a enlevées, cependant que ses Blindés s’élançaient par Vagney sur la route Planois/La Bresse. A continué à progresser les jours suivants et a enlevé Cornimont le l5, repoussant à la Tête des Cerfs, à la Piquante Roche, au Rondfaing, à la Chapechatte, toutes les contre-attaques lancées par un ennemi aux abois, qui engageait tous ses renforts. Grâce à son métier et à son désir de vaincre, la 3ème DIA en vingt jours, n’a pas fait qu’avancer de 15 km en combattant, elle a obligé l’ennemi à dégarnir ses secteurs de Belfort et de Gérardmer et à faire venir des réserves d’Allemagne. A ainsi ajouté à sa gloire celle d’avoir anéanti, sans repos, ni renforts, la valeur de dix bataillons ennemis. »
3ème citation à l’ordre de l’Armée attribuée à
la 3ème DIA lors des Campagnes de France et d’Allemagne,
Décision n° 705, le 14 mai 1945, général de Gaulle
« Grâce à son indomptable énergie, a son inlassable persévérance, à la continuité de son endurance, toute à l’image de son Chef, le Général Guillaume, la 3ème DIA, fidèle à son passé glorieux et à peine sortie des luttes meurtrières et harassantes, au cours desquelles elle venait de s’illustrer, concourt, sans désemparer, de novembre à fin décembre 1944, aux manoeuvres des Grandes Unités voisines. Le devoir de couvrir l’offensive du Corps américain, à sa gauche, l’engage, au début de novembre, sur le Haut du Tot, la Forge et Rochesson, où elle accomplit, sans faiblir, sa rude mission, dépassant tous ses objectifs. Dans ces âpres combats qu’elle a poursuivie dans la neige, la 3ème DIA n’a pas fait que d’avancer de plus de 20 km., elle a obligé l’ennemi à engager toutes ses réserves, à dégarnir le secteur de Belfort et celui de Saint-Dié et à faire venir des renforts d’Allemagne. L’avance du ler Corps sur Mulhouse, celle des Américains sur Saint-Dié vont l’entraîner à nouveau, encore toute sanglante de ses pertes, sans moyens, sans renforts, comme sans répit, dans des efforts gigantesques au travers des Hautes Vosges. C’est ainsi que bousculant l’ennemi en retraite, elle prend Gérardmer, le Tholy, Chateau-Lambert, les Cols de Bussang, du Bramont et d’Uderen, venant coller en pleine neige à la route des crêtes, où elle mènera un combat obscur et quotidien… Cependant, sans désemparer, en décembre, elle concourt glorieusement au premier assaut sur Colmar, dégageant le Col du Bonhomme, s’emparant d’Orbey et des hauteurs du Worhof, qui domine la capitale du Haut-Rhin, préparant ainsi la base de départ, à partir de laquelle l’Armée française libérera l’Alsace. Lorsque, au début de janvier, Strasbourg est menacé, c’est à elle encore que l’on fait appel, malgré son extrême fatigue et ses pertes. C’est dans ces conditions qu’elle repousse, à Kilstett, un des derniers assauts ennemis sur la ville. La reprise de l’offensive par l’Armée voisine, l’entraîne en pleine réorganisation, vers de nouvelles gloires. Le 15 mars, elle brise la résistance ennemie à Oberhoffen, poursuivant les Allemands dans un élan irrésistible et s’empare de Lauterbourg, l’ennemi s’étant établi sur la Lauter, frontière Franco-Allemande, la 3ème DIA la traverse. Ses premiers éléments avec de l’eau jusqu’à la poitrine, enlèvent de vive force les premiers retranchements de l’ennemi sur son sol; elle pénètre en Allemagne la première, effaçant ainsi le dernier souvenir de l’armistice de 1940. Se heurtant à la ligne Siegfried, la 3ème DIA cherche par tous les moyens, à en vaincre les défenses et s’y infiltre jusqu’au moment où elle vient border dans sa zone, le Rhin, dit, hier encore, Rhin allemand, faisant de très nombreux prisonniers, capturant un immense matériel. Par son action incessante, longue de près de six mois, grâce à ses qualités exceptionnelles, à sa vigueur physique et morale, la 3ème DIA a été un des artisans les plus efficaces de la Libération totale de la Patrie et de l’invasion de l’Allemagne. »
4ème citation à l’ordre de l’Armée attribuée à la 3e DIA lors des Campagnes de France et d’Allemagne,
Décision n° 1245, le 9 octobre 1945, général de Gaulle
« Grande Unité d’une incomparable valeur qui, sous les ordres et l’inlassable impulsion de son Chef, le Général de Division Guillaume, toujours présent au point capital du combat, vient encore d’ajouter de nouveaux et suprêmes lauriers à la moisson de gloire cueillie sur les champs de bataille de Tunisie, d’Italie, de France et d’Allemagne. Le 31 mars 1945, en tête de la Ière Armée française, elle franchit le Rhin par surprise, avec des moyens de fortune, dans la région de Spire, en une action improvisée que ses splendides qualités de troupes de choc, transforment en succès retentissant. Puis, sans désemparer, renforcée des Groupes des Tabors Marocains et exploitant à fond son succès, elle rompt les môles de résistance de l’Heuchelberg et du Stromberg, manoeuvre l’ennemi, le disloque et rejette les débris de la 47e Division allemande au-delà du Neckar et de l’Enz, capturant 2 500 prisonniers et un matériel important. Le 16 avril, débouchant de la tête de pont de l’Enz au Nord, s’infiltrant par le Nagold au Sud, ne laissant devant l’ennemi qu’un mince rideau qui l’abusera jusqu’au bout, la 3ième DIA, par une manoeuvre magistrale, encercle Pforzheim et y capture plus de 2 000 prisonniers. Faisant brusque volte face, sans trêve ni repos, elle fonce alors tous moyens réunis vers Stuttgart. A marche forcée, Tirailleurs Algériens et Tunisiens, Goumiers Marocains, Fantassins de France, Spahis, Chasseurs de Chars, Sapeurs et Artilleurs d’Afrique avancent dans un élan irrésistible vers la ville, cisaillent les débris des l6e et 47e V.G.D. dont la retraite se transforme en déroute. Le 22 avril, elle pénètre de haute lutte dans la capitale du Wurtemberg et les agglomérations environnantes, dont elle prend victorieusement possession. Plus de 18 000 prisonniers, des centaines de véhicules et de canons, un matériel immense, tombent entre ses mains, des milliers de Français, capturés ou déportés, sont enfin libérés. Toujours en flèche de l’Armée française, toujours ardente à la lutte, malgré la fatigue, grâce à une foi patriotique intense et une inlassable volonté de vaincre, la 3e DIA a pris la plus longue et la plus généreuse part à la victoire définitive. De la Tunisie au coeur de l`Allemagne, toujours égale à elle-mêlme, digne des plus belles traditions de l’Armée d’Afrique, elle a écrit la plus belle épopée, dont nos armées puissent s’enorgueillir. »
Citations collectives des unités de la division
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le 4ième RTT a obtenu 10 citations collectives à l’ordre de l’Armée (4 pour le régiment, 3 pour les bataillons et 3 pour les compagnies), le 7ième RTA, 10 citations collectives à l’ordre de l’Armée (3 pour le régiment, 4 pour les bataillons et 3 pour les compagnies) et le 3ième RTA, 7 citations collectives à l’ordre de l’Armée (4 pour le régiment et 3 pour les bataillons).
Sources
Livre d’or de la 3e division d’infanterie algérienne, Imprimerie Nationale, 1948
Les “3 croissants”
3e R.T.A
7e R.T.A
4e R.T.T
Le Général Augustin Guillaume
commandant la 3e DIA
Parrain de la promotion 1999 – 1993